Continuité d’Activité : Faut-il se préparer au risque d'indisponibilité des collaborateurs ?
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Le risque d'indisponbilité des dirigeants devrait être anticipé par les entreprises.
20 mai 2020

La vitesse de propagation de l’épidémie est en grande partie liée à la capacité des Etats à mettre en place des mesures sanitaires fortes. Une étude récente montre par exemple que le taux de reproduction R0 est passé de 2.9 à 0.7 en France pendant le confinement.

A mi-mai, nous observons que de nombreux Etats dans le monde semblent être capables de maîtriser la propagation de la maladie de façon relativement efficace (Taïwan, Hong Kong, Europe de l’Est) ou de la laisser se propager à une vitesse relativement contrôlée (Suède, etc.). La mise en place de ces mesures réduit donc largement le risque pour les entreprises de voir leurs équipes rendues indisponibles.

La capacité de mise en place des mesures sanitaires par les Etats est cependant hautement dépendante de plusieurs facteurs, dont l’éloignement social naturel des habitants (nombre de m² d’habitations par habitant), leur capacité à rester confiner chez eux (difficultés dans les économies informelles), les moyens de l’Etat disponibles pour déployer les contre-mesures (équipes massives de traçage des contacts, déploiement de tests massifs, police pour contrôler l’application des mesures, soutien du tissu économique pendant le confinement, etc.).

Nous n'observons pas à date d'explosion généralisée du nombre de cas dans les géographies présentant ces caractéristiques. A titre d'exemple, les systèmes de santé africains ne semblent pas débordés et les cas se développent à une vitesse modérée en Amérique Latine, etc. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette vitesse de propagation modérée : populations plus jeune qu’en Europe et aux Etats-Unis et donc moins vulnérables au virus, moindre connexion au reste du monde, meilleure préparation due à l’expérience d'épidémies récentes dans certains pays (SARS et H1N1 en Asie, Ebola en Afrique), etc.

Il faut cependant utiliser ces chiffres historiques avec précaution, car ils ne préjugent pas de l’avenir. Il y a quasiment autant d’approche dans le monde sur l’épidémie que de pays, et il y a fondamentalement peu de raisons que le virus ne se développe pas soudainement dans certaines géographies étant donné sa vitesse de reproduction « naturelle », générant des risques de ré-importation dans les pays voisins.

L'épidémie semble ainsi s'étendre dans un nombre important de nouvelles géographies depuis quelques semaines, avec le risque qu'elle devienne hors de contrôle. C'est par exemple le cas en Russie (77 000 nouveaux cas par semaine) , au Brésil (63 000 nouveaux cas par semaine), en Inde (25 000), au Pérou (21 000) ou au Pakistan (12 000).

Le risque de maladie des collaborateurs

En retenant l’hypothèse d’un développement potentiellement incontrôlé de l’épidémie dans certains pays, les modélisations montrent que jusqu’à 70% de la population pourrait être atteinte sur une durée de 2 mois jusqu'à l'obtention d'une immunité de masse. Pendant cette durée, les études montrent que parmi les personnes infectées

  • Environ 80% des cas seront asymptômatiques ou légers d'après l'OMS
  • Environ 20% des cas présenteront des symptômes forts
  • Environ 2.8% des cas totaux nécessiteront d'être hospitalisés sur la tranche d'âge de la population active [20-60 ans]
  • Environ 0.2% des cas totaux (et non des cas testés) décèderont sur la même tranche d'âge. Les estimations de taux de mortalité donnés par l'OMS et différentes études scientifiques donnent des chiffres largement supérieurs, mais sont souvent basés sur le nombre de cas testés et non le nombre de cas totaux estimés.

Sur la base de ces informations combinées, le risque d'indisponibilité des collaborateurs en France apparaît relativement faible :

  • Arrêts de travail pour symptômes forts sans hospitalisation : 1.5% des collaborateurs en équivalent temps plein sur un mois donné au pic (70% de contamination x 17% de cas symptômatiques forts non hospitalisés / 2 mois x 1/4 (une semaine sur le mois)
  • Arrêts de travail pour hospitalisation : 1.0% des collaborateurs en équivalent temps plein sur un mois donné (70% de contamination x 2.8% de cas hospitalisés / 2 mois)
  • Décès : 0.2% des collaborateurs

Ces chiffres semblent donc montrer que le risque d'indisponibilité est relativement faible même dans le cas d'un scénario catastrophe ou 70% de la population serait atteinte sur une durée très courte de 2 mois. Les autres facteurs d'indisponibilité liés à la maladie (ex : s'occuper d'un enfant malade) représentent des taux d'indisponibilité non significatifs.

Le risque d'indisponibilité des collaborateurs pour garde d'enfants

Le risque d'indisponibilité est en fait beaucoup plus important pour une autre raison: la garde d'enfants à la maison telle que nous la vivons depuis le 17 mars. Les enfants de moins de 12 ans représentent 36% du nombre d'actifs en France (9,8 millions / 26,9 millions). Avec des foyers composés en moyenne de 1,8 adultes, c'est donc environ 20% de la population qui est en partie indisponible. La gestion des enfants à la maison n'a cependant pas le même effet déstabilisant pour les entreprises que peut l'avoir un employé malade, et les activités les plus critiques peuvent être souvent gérées, à temps partiel, par une personne à la maison devant s'occuper d'un enfant.

Les entreprises ont par ailleurs, depuis le début de la crise, appris à s'adapter à ces contraintes. Nous ne recommandons donc pas de plan spécifique pour couvrir ce risque, déja matérialisé.

Le risque de décès si le système de santé est débordé

Le taux de mortalité sur la tranche d'âge de la population active est de 0,2% est ne nécessite donc pas en soi la construction de Plans de Continuité pour couvrir ce risque. Ce paramètre peut néanmoins être nettement revu à la hausse en fonction du contexte : les chercheurs observent que le taux de mortalité augmente drastiquement en fonction de la capacité du système de santé à traiter les cas graves. Le taux de mortalité pourrait donc tendre vers le taux d'hospitalisation (2.8% sur la tranche d'âge de la population active) si celui-ci est totalement débordé.

Le risque lié aux dirigeants

En France, plus de la moitié des dirigeants ont plus de 65 ans. Le risque spécifique lié à cette catégorie de la population mérite donc d'être analysé.

Sur la tranche d'âge 60-70 ans, le taux d'hospitalisation s'élève à 7.1%, chiffre à ramener au taux maximum de contamination de 70% de la population. Il existe donc un risque non négligeable de voir le dirigeant ou le top management des entreprises être hospitalisé. Parmi ceux-ci, 31% devront être admis en réanimation (soit 1.5% de la tranche d'âge), avec une durée d'insponibilité supérieure à 1 mois.

Le risque de décès doit aussi être envisagé. Un dirigeant de 60 à 69 ans a ainsi une probabilité de décèder de 0.9% s'il contracte le virus, et ce chiffre monte à 2.4% sur la tranche d'âge 70-80 ans, probabilité à ramener au taux maximum de contamination dans la population d'environ 70%.

Mais ce chiffre augmente drastiquement si le système de santé est débordé, se rapprochant ainsi potentiellement du taux d'hospitalisation (7.1% sur la tranche d'âge 60-69 ans).

Les effets sur une entreprise de l'indisponibilité temporaire ou du décès d'un dirigeant ou d'un membre du top management étant généralement considérables, nous recommandons donc d'envisager cette hypothèse.

Au final, nous recommandons donc préparer des solutions de continuité d'activité dans le cas spécifique de l'indisponibilité d'un membre du top management.

La méthode des Plans de Continuité d’Activité apporte une démarche structurée pour couvrir les risques d’indisponibilité. Cette méthode a largement fait ses preuves au cours des grandes catastrophes de ces dernières décennies.

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